Je suis en charge des problématiques juridiques liées aux nouveaux médias et aux nouveaux formats c'est-à-dire les problématiques liées tant à la distribution linéaire de nos chaînes de télévisions qu’a la distribution non linéaire de nos programmes - c'est-à-dire les services à la demande - diffusés sur l’ensemble des nouvelles plateformes numériques tel que l’Internet, les réseaux mobiles, l’ ADSL.
Les chaînes de France Télévisions sont distribuées en linéaire sur l’ensemble des réseaux de communications électronique et les sites internet de France 2, France 3, France 4, France 5 et RFO qui font partie de l’offre non linéaire de France Télévisons proposent une offre éditoriale et de vidéos très importante où l’on retrouve toute la diversité des programmes et services de France Télévisions (reportages, programmes courts, jeux, services et une grande partie des émissions). En effet, nos sites proposent une large offre de vidéo à la demande gratuite, et notamment une offre de « Catch up » ou télévision de rattrapage, qui permet de revoir un certain nombre d’émissions après leur diffusion sur les antennes du groupe, pendant un délai allant de 7 à 14 jours ou au-delà en fonction des accords qui ont été négocié avec les ayants droit. Bien entendu la vidéo à la demande - que l’on retrouve principalement à l’adresse internet http://www.francetvod.fr/ - peut être exploité pour des périodes plus longues sur nos sites internet et avoir un modèle économique différent basé sur le paiement à l’acte.
Mais le catch up n’est pas vraiment la vidéo à la demande….
Juridiquement ce qu’on appelle la vidéo à la demande, c’est le fait de pouvoir voir un programme quand on le veut, au moment où on le veut, à l’endroit que l’on souhaite et sur n’importe quel support permettant ce visionnage.
La « Catch up » qui permet ainsi de pouvoir regarder le programme qu’on a manqué à la télévision, au moment que l’on souhaite, sur son ordinateur ou sa télévision, pendant les 7 ou 14 jours qui suivent la diffusion du programme n’est ni plus ni moins conforme à définition décrite ci-dessus. Passé ce délai, on peut toujours avoir la même fonctionnalité, mais ce n’est plus vraiment de la Catch-up c'est-à-dire la télévision du lendemain, c’est une V.O.D « classique » (encore une fois gratuite ou payante selon le modèle économique choisi).
En tout état de cause et juridiquement, ces deux modes de consommation de la vidéo sont similaires, ce qui a été confirmé notamment par le CSA, le CNC dans leur avis en la matière ou la première décision du Conseil de la Concurrence.
France Télévision est présente sur l’internet, sur VOD, mais y’at-il d’autres supports où vous êtes également présents ?
Nous sommes distributeur sur les supports que nous maîtrisons : l’Internet, la V.O.D. Cette distribution se fait au travers de notre filiale France Télévisions Interactive qui gère ce type d’exploitation. N’étant pas propriétaire d’un réseau ADSL, ni de réseaux mobile, nous passons des partenariats avec des opérateurs tiers. Nous avons ainsi passé un partenariat avec Orange, en mars 2008, qui permet à cet opérateur de distribuer notre offre « Catch up TV » pour une partie de nos programmes en exclusivité sur les 3 supports suivants: ADSL, Internet et mobile. Cet accord couvre les programmes de flux et de stock de la tranche 18h-24h dont nous avons obtenu les droits auprès des ayants droit.
Mais faut-il être abonné Orange pour les voir?
Non. Ce que vous voyez dans le cadre de l’offre d’Orange, vous pouvez aussi le voir sur les sites internet de France Télévisions.
Je regarde régulièrement le catch up sur France 5...France 5 a passé, pour son offre de catch up et de préview, des accords particuliers avec l’U.S.P.A (Union syndicale de la production audiovisuelle). La chaîne met ainsi en ligne sur son site internet http://www.france5.fr/ tous les documentaires français avant et /ou après leur diffusion.
Selon Médiamétrie/Cyberstats, les sites de France Télévisions (France 2, France 3, France 4, France 5, et RFO) ont enregistré pendant la 3ème semaine de Novembre plus d’un million de visites par jour, soit 55% de plus qu’à la même période en 2007. Vous pensez que c’est une tendance stable et que ces chiffres peuvent encore augmenter ?
Oui, on espère bien entendu une progression dans les mois qui viennent. Il est à noter que certains événements comme notamment les élections et les évènements sportifs (JO, Tour de France, Vendée Globe) sont générateurs d’audience pour les sites de France Télévisions.
France Télévisions va-t-elle créer une web TV à partir des 24 bureaux régionaux de France 3?
C’est une idée qui a été proposée par le président de France Télévisions sur laquelle France 3 travaille. France 3 a déjà lancé une web TV jeunesse à l’automne sur France 3.fr dénommée « TooWam ». Cette web TV a permit aux jeunes internautes de pouvoir regarder le meilleur de leur séries sur un mode linéaire pendant une tranche horaire déterminée.
En fait à France 3, nous disposons aujourd’hui de nombreux contenus issus de nos rédactions régionales et locales. Le web va permettre aux chaînes régionales de France 3 de se démarquer et de pouvoir compléter les décrochages régionaux et locaux en proposant la diffusion sur Internet à l’ensemble des téléspectateurs, quelque soit leur région, non seulement de nouveaux programmes mais également des programmes qui ne peuvent être actuellement diffusé à l’antenne.
Quels sont les autres tendances de développement de France Télévision sur des nouveaux supports ( VOD, catch-up tv) autres que ceux dont nous avons déjà parlé?
Les Web TV (des programmes de jeunesse, de fiction, d’animation, de documentaire…) ainsi que les nouveaux services non-linéaires sont un axe fort de notre développement.
En effet les Web TV et les nombreux services non-linéaires que nous pouvons associer à cette diffusion vont nous permettre d’apporter aux téléspectateurs un complément que le télévision classique ne permet pas.
Bien entendu dans ce domaine, nous sommes très à l’écoute des nouveaux projets dont on apprend l’existence chaque jour.
La télévision est aujourd’hui dans une extraordinaire mutation technologique qui permet de passer d’une consommation linéaire des programmes à une consommation non-linéaire. La télévision classique restera toujours à notre avis toujours un mode de consommation apprécié des téléspectateurs. Mais il est évident que de plus en plus de téléspectateurs voudront se faire leur propre programmation et iront chercher sur ces nouveaux supports numériques ce qu’ils veulent voir, au moment où ils veulent le voir. C’est l a raison pour laquelle il faut à la fois maintenir une télévision classique (celle-ci continuera toujours d’exister) et proposer une offre différente, non-linéaire, de service à la demande, ou de web TV par exemple. Ce sont ces services supplémentaires - compléments de l’antenne - qui permettront de toucher et de fidéliser un nouveau et un plus large public.
Propos recueillis par Urszula Gleisner